Mémoire sur
THE ROYAL SOVEREIGN
Le Souverain,
Royal Souverain, Souverain Royal ou Souverain des mers,
construit par Peter Pett sous la direction de son père Phinéas Pett a été lancé
à Woolwich en 1637.
Le
ROYAL SOVEREIGN de 1637
Par le Dr Roger Charles Anderson Le Souverain, Royal Souverain, Souverain Royal ou Souverain des mers (les 4 variantes de son nom), construit par Peter Pett sous la direction de son père Phinéas Pett a été lancé à Woolwich en 1637. A tort ou à raison, on dit qu’il a été le premier vaisseau trois ponts. En tout état de cause, c’était un navire remarquable tant par la taille, et l’armement que par la richesse de sa décoration. Beaucoup d’affirmations sans fondement ont été faites à son propos. Il est souvent dit que pendant le Commonwealth, bien qu’ayant été conçu comme un trois ponts de 100 canons, il a été rasé pour en faire un deux ponts de 90 canons, et que sous cette nouvelle forme, il est resté en service jusqu’en 1696, prenant part à tous les combats de la seconde moitiés du 17eme siècle. Ce qui nous fait au moins trois erreurs. Ce vaisseau a toujours été un trois ponts, il n’a participé qu’à un seul combat du Commonwealth et il a été ‘’re-construit’’ deux fois avant sa destruction en 1696. Il est difficile de dire d’où vient cette idée de ‘’deux ponts de 90’’. Il est possible, voire même probable que sa dunette ait été supprimée, on lui a certainement prévu un agencement à 91 canons en 1655 mais le fait que le même agencement ait compris le Naseby et le Résolution (ex Prince Royal) est une preuve suffisante que les canons étaient répartis sur trois ponts. Personne n’a jamais contesté le fait que le Naseby était un trois ponts, ce qui est aussi le cas pour le Prince Royal comme j’espère le démontrer dans un futur article. Quant aux batailles du Royal Sovereign de 1637, qu’il me suffise de dire que sur les huit actions de la première guerre hollandaise, il ne prit part qu’à une seule, celle de Kentish Knock, le 28 Septembre 1652. Ensuite on entend peu parler de ce vaisseau jusqu’au 26 Août 1660 quand Peter Pett écrit depuis Chatham que le vaisseau a été re-lancé après une ‘’re-construction’’, nouvelle attribuée par le Registre Pepysian au Capitaine Taylor en 1659. A cet instant dans son second ‘’état’’, c’est incontestablement un trois ponts de 100 canons, il participe aux deux dernières des trois batailles de la seconde guerre de Hollande et au dernier des quatre combats de la troisième guerre hollandaise. Dans cette dernière bataille, le vaisseau porte les couleurs de Rupert qui a quitté le Royal Charles, un nouveau vaisseau qui ne donne pas satisfaction. En 1684/1685, il est de nouveau ‘’re-construit’’ à Chatham, cette fois par William Lee et enfin, après avoir été navire amiral à Beachy Head en 1690 et à Barfleur en 1692, il retourne à Chatham pour une nouvelle ‘’re-construction’’ où il brûle accidentellement en 1696. Il existe de nombreuses représentations de navires prétendant montrer le Royal Sovereign dans son état original de 1637.Il y a le dessin de la fameuse description de Heywood, publié l’année de son lancement. Il y a la gravure de Payne qui doit dater entre 1637 et 1647, date de la mort de Payne. La gravure de Charnock dont on dit qu’elle vient d’un tableau peint par Van de Velde, immédiatement après la restauration du roi Charles II ; Une peinture à Trinity House (venant de Blackwall Yard) dont on dit que Sir Henry Johnson l’avait placé là en 1660 ou à peu près, et la vue de la poupe à la National Portrait Gallery, décrit au début comme un portrait de Phinéas Pett par Dobson et maintenant comme celui de Peter Pett (son fils) par Walker. Il existe également plusieurs jeux de dessins des côtés et de la poupe. Un de ces jeux est à Greenwich, un autre à South Kensington, un entre en possession de monsieur Brent de Ryde, le descendant d’une famille de constructeurs, un autre en possession du lieutenant Gartside Tipping de Beccles et un reproduit par Fincham dans son histoire de l’architecture navale. A côté de ça, il existe un autre dessin portant le légende ‘’Poupe du premier Royal Sovereign, et enfin un modèle. Ces deux derniers objets sont au musée de Greenwich. Inutile de perdre trop de temps sur le dessin de Heywood. Il varie de façon désespérante avec le texte qu’il est censé illustrer qu’avec tout ce que l’on sait de l’aspect probable du vaisseau à cette époque. D’un autre côté la vue de la poupe sur le portrait de Pett correspond remarquablement avec la description d’Heywood. Ce tableau montre une reproduction du navire. La petite échelle rend certains détails assez obscurs, mais malgré cela de nombreux points correspondent. Heywood écrit ‘’ En haut à droite du blason central, se tient une victoire au milieu du frontispice avec les mots Validis incumbite remis…..On voit aussi ses ailes, sur un bras elle porte une couronne et un laurier sur l’autre, dans ses mains deux devises, sa main droite pointée sur Jason porte l’inscription Nava….. De sa main gauche, elle montre Hercule tenant un gourdin avec cette devise Clava….. Comme si elle voulait dire, Oh Hercule, sois aussi vaillant avec ton gourdin que Jason est industrieux avec son aviron. Hercule disant Flato montre Eole Flato, le dieu des vents qui répond Flo. Jason montre Neptune le dieu de la mer chevauchant un hippocampe qui répond No. Les inscriptions mentionnées ne sont pas visibles mais la Victoire, Jason, Hercule, Eole et Neptune sont clairement visibles. L’un dans l’autre la vue de Greenwich est en accord avec l’autre. Eole apparaît sur un chariot au lieu d’un caméléon, la silhouette au dessus des armes royales est vue pleine face et il n’y a pas de décoration entre les sabords de chaque côté de la tête du gouvernail, mais en général les deux versions de la poupe sont en accord ainsi qu’avec la description Heywood. La version peinte mérite d’un peu plus d’attention. Ce qui attire tout d’abord l’attention est l’absence apparente de toute tentative de rendre la perspective, les différentes vergues étant dessinées à leur longueur respective, mais sans référence à leur distance pour l’œil. Ceci est particulièrement remarquable pour la vergue de civadière. L’aspect général fait penser que le vaisseau a été peint d’après un plan et non pas d’après l’original. Si c’est le cas, Pett a probablement fourni les plans, donc les proportions des mâts et des espars ont donc un réel intérêt. Bien sûr, il serait stupide de se fier totalement à ces proportions, mais en même temps il est intéressant d’examiner les dimensions des espars tels qu’ils sont montrés. En supposant que la grande vergue fasse une longueur de 100 pieds, nous obtenons les chiffres suivants. Basse vergue de misaine 89 pieds, vergue barrée 48,5 pieds, vergue de civadière 67,5 pieds, vergue de grand hunier 60 pieds, vergue de petit hunier 26 pieds, vergue de perroquet de beaupré 28,5 pieds. Selon Fournier (mentionné par l’Amiral Paris, les pratiques françaises auraient donné. Grand vergue, 100 pieds, vergue de misaine 80 pieds, vergue de grand hunier 53 pieds. Dans le Sea Man’s Grammar (Précis du Marin) 1691, nous lisons que la vergue de misaine doit avoir 19/21eme de la grand vergue et la vergue de civadière, 16/21eme ou 90 et 76 pieds respectivement. Il n’y a donc rien de très remarquable dans les proportions qui sont montrées, sauf peut être la petitesse de la vergue barrée et du hunier d’artimon. De même, les proportions du Bear (1618) auraient donné, pour une grand vergue de 100 pieds, 60 et 45 pieds pour les deux vergues d’artimon de sorte que les espars tels qu’ils sont montrés sont de toute façon relativement plus longs que la vergue de Bonaventure du Bear ; Un autre point intéressant sur ce tableau est la difficulté à identifier les trois rangées de canons. Est ce que ce sont ceux de la batterie basse, de la seconde batterie et des gaillards, ou ceux de la seconde batterie, des gaillards et de la dunette ? Au premier abord, il semble que la présence de mantelets à demi ouverts sous la dernière rangée de canons suggère la seconde solution, mais il apparaît bien vite de nombreuses objections. On peut voir les anneaux inférieurs des grands haubans exactement au même niveau que la batterie milieu, ce qui prouve de façon quasi formelle qu’il s’agit de la seconde batterie. Il y a aussi d’autres arguments comme le fait que les canons des gaillards ne seraient pas visibles depuis l’arrière. Ceci étant, il nous faut trouver une explication pour cette rangée de mantelets, ce que nous pourrons probablement trouver dans le travail du restaurateur. Inutile de chercher bien loin pour trouver des traces de son travail. Ces traces sont clairement montrées par le fait que le vaisseau semble avoir un écusson rond à tribord et un carré à bâbord. Un des côtés a été retouché et à en juger par l’orientation général du bordé, c’est le côté bâbord qui a le plus souffert. C’est également de ce côté qu’apparaissent les soi disant mantelets. Sûrement un homme capable de rendre carrée la moitié d’une poupe ronde pouvait transformer une préceinte à peine visible en une rangée de mantelets entre ouverts. Une
des raisons de supposer que les trois rangées de canons montrés dans
la vue de la poupe (portrait de Pett) sont ceux des trois différents
ponts est que ceci aide à établir une correspondance avec la vue de
profil du Sovereign of the Seas dans la gravure de Payne. Ce qui nous amène
à examiner cette gravure et sa valeur probable en tant que représentation
du navire. On doit admettre, en la comparant avec la description de
Heywood, qu’elle est remarquablement précise. On peut voir le roi
Edgar, Cupidon et le Lion, les statues sur le château avant, les quatre
représentations ‘’Hances’’, les deux galeries de côté, les
Trophées d’artillerie et Type d’honneur, ainsi que les blasons de
leurs deux majestés, blasons d’arme etc… avec plusieurs anges
tenant leurs lettres dans des cartouches et il est clairement indiqué
qu’il y a trois ponts, un château avant, un demi pont, un quart de
pont (à mon avis gaillard et dunette) ainsi qu’une maison ronde. Il est intéressant d’examiner la disposition des canons. Heywood nous dit qu’il y avait 30 sabords à la batterie basse, 30 également à la seconde batterie, 26 sur le pont supérieur, 12 sur le château avant, 14 sur le demi pont et 13 ou 14 supplémentaires à bord pour tirer à mitraille tandis que 10 canons pouvaient être déplacés pour tirer en chasse ou en retraite. D’un autre côté, la liste de l’armement d’origine imprimée par Mr Oppenheimer indique que la vaisseau portait 28 canons à la batterie basse, 30 à la seconde batterie, 28 sur le pont supérieur, 8 sur le château avant, 6 sur le demi pont, 2 sur la dunette et deux à la proue en avant du château avant. Parmi ces canons, 4 à la batterie basse, 4 à la seconde batterie et 2 sur le pont supérieur étaient des canons de retraite tandis que 2 autres sur chacun des trois ponts étaient des canons de chasse et que 2 autres au pont inférieur étaient installés à la proue. Ce qui laissait 20 canons à la batterie basse, 24 à la seconde batterie et 24 au pont supérieur pour les côtés. Or, la vue de profil montre 13 sabords au pont inférieur, soit 26 pour les deux bords, ce qui avec les 4 visibles sur la vue de la poupe, nous donne les 30 sabords du compte de Heywood. En ce qui concerne les canons de retraite, il n’y a pas de problème, mais pour les canons de chasse du pont inférieur, cela veut forcément dire que les deux paires de canons les plus en avant peuvent tirer dans l’axe et, si c’est le cas, les deux canons en arrière du château doivent être les deux ceux de la seconde paire des canons de l’avant. A en croire le ‘’Précis du Marin’’ l’épaule allait jusqu’à la cloison du château avant. Il est donc permis de penser que la troisième voire même la quatrième paire de canons est celle des lofs. La gravure montre donc 22 sabords pour l’installation de 20 canons et il est probable que le sabord le plus en arrière était vide. A la seconde batterie, il y a de nouveau 13 sabords sur le côté et 4 à la poupe (les 30 sabords de Heywood) La liste d’armement décrit 30 sabords dont 4 à la poupe, mais elle décrit également 2 sabords de chasse. Cela amène la question de savoir si une paire de sabord était percés dans la cloison de coltis à la hauteur de la seconde batterie auquel cas une paire de sabords de côté aurait du être vide ou si la paire de sabord les plus en avant, juste derrière le coltis n’était pas considérée comme des abords de chasse. Cette dernière hypothèse est la plus probable. Il est douteux que des canons auraient pu être utilisés à hauteur de la seconde batterie et Heywood donne plutôt le nombre de sabord que de canons. C’est au pont supérieur que les difficultés commencent. Les deux vues montrent 28 sabords, soit 4 de chasse, 2 de retraite et 22 de bordée. Heywood ne mentionne que 26 sabords et la liste d’armement met 24 des 28 canons à la bordée. Il n’y a rien d’autre à faire que de se dire qu’il y a une erreur. Sur le gaillard et la dunette, la gravure montre 6 et 2 sabords de bordée et s’accorde en cela avec la liste d’armement. Sur le château avant, elle montre 4 sabords de bordée et 4 de chasse qui pourraient correspondre aux 8 de la liste d’armement. Mais le décompte de Heywood mérite d’être étudié de plus près. Il indique 12 sabords sur le château avant. On peut facilement l’imaginer en supposant que la cloison du château avant était percée pour 4 canons bien que d’après la liste d’armement, il n’y avait que deux canons qui y étaient installés. Heywood continue en disant que le gaillard avait 14 sabords mais ne mentionne rien à propos de la dunette. Or la gravure montre 4 canons au bout du gaillard, faisant feu par-dessus la ceinture et 2 au bout de la dunette tirant qu dessus du gaillard. Ces 6 avec les 8 de la bordée nous donne un total de 14 sabords pour le gaillard et la dunette et une explication plausible du décompte de Heywood. En ce qui concerne l’armement, il est donc possible de comparer correctement la liste et la gravure. Le point suivant à étudier est le gréement. De ce point de vue, la gravure est de très peu de valeur. Son détail le plus étonnant est la présence de cacatois et, le moins que l’on puisse dire est qu’il est très improbable que ce navire n’en ait jamais porté. Bien sûr, la possibilité existe que la mise en place de cacatois ait été envisagée sur le plus grand navire jamais construit. Nous avons aussi le couplet de Heywood. ‘’Ces braves cacatois qui le jour brossent le soleil et la nuit les étoiles’’ pour démontrer que son plan de voilure était inhabituellement important. Peut être, bien que la principale objection à ce type de gréement soit sa remarquable ressemblance avec le Royal Louis dont on a démontré qu’il était d’origine hollandaise et datait de 1626. Bien sûr, il y a des différences. Les petit et grand perroquets ainsi que le hunier d’artimon sont installés et quelques fautes dans le modèle original ont été corrigées mais l’angle de vue est le même, la coupe des voiles est similaire et il est impossible de résister au soupçon que Payne s’est beaucoup inspiré de Hondius en ce concerne le gréement. Ce qui ne veut pas dire que le gréement est faux dans l’un ou l’autre cas, c’est simplement une indication du fait que les deux gravures ne doivent pas être trop facilement considérées comme des preuves indépendantes l’une de l’autre. L’un dans l’autre la gravure de Payne et le portrait de Pett considérés ensemble nous donnent selon toute probabilité une idée assez exacte du navire. Vient maintenant la question du rapport entre la gravure de Payne, la peinture de Trinity House et de la gravure de Charnock. Un examen superficiel nous montrera que les trois œuvres ont beaucoup de rapports entre elles. Ni le tableau ni la version de Charnock ne montrent les fanions de vergue si caractéristique de l’œuvre de Payne, la mer et l’arrière plan sont différents ainsi que la position du point d’amure, les ancres et bien d’autres détails, mais les points de concordance sont bien plus nombreux encore. Peut être qu’une œuvre originale commune a été perdue. Si ce n’est pas le cas, alors la gravure de Payne doit être l’original et ce malgré l’affirmation de Charnock que son illustration est copié d’un tableau de Van de Velde. Il est peu probable que Charnock ait eu connaissance de l’œuvre maintenant visible à Trinity House. Si cela avait été le cas, il aurait également eu connaissance de l’illustration du Prince Royal, l’aurait également reproduite ou au moins l’aurait mentionnée. Après l’étude des valeurs et de la relation entre les diverses tableaux et gravures du Royal Sovereign, venons en au dessin à l’échelle et au modèle. Nous savons qu’au moins un modèle du navire fut construit avant sa construction par Peter Pett et le journal de Pepys (31/01/1663) nous indique que Christopher Pett lui donna une planche du Sovereign avec une table. Cela représente probablement le navire après reconstruction, mais même ainsi, cela aurait une grande valeur si elle existait encore. Malheureusement, il semble certain que ni le modèle existant ni aucun des dessins n’ont de réelle valeur. Il
existe au moins quatre jeux de dessins sans compter la petite série de
Fincham. Il y a aussi le modèle mais il est impossible de considérer
une quelconque des 6 versions comme indépendantes des autres car les
quatre dessins et le modèles sont identiques dans leurs dimensions et
que celui de Fincham semble avoir été tiré d’un dessin exactement
similaire. Deux jeux de dessins, celui de Brent et celui de Greenwich
sont aussi semblables que peuvent l’être des dessins au crayon et à
l’encre et tous deux sont conforme au modèle à un détail près qui
ne vient sans doute que d’un mauvaise interprétation des dessins ceci
prouvant que les dessins sont antérieurs au modèle. Un troisième jeu
de dessins, ceux de South Kensington, bien que très proche des autres
diffère sur de nombreux petits points et particulièrement sur les
formes des grotesques de chaque côté de la tête de gouvernail.
Toutefois les dessins ne se réclament pas d’une origine antérieure
à 1817 ou à peu près et ne sont probablement pas autre chose qu’une
mauvaise copie de dessins antérieurs. Le quatrième jeu de dessins,
celui appartenant au Lieutenant Gartside Tipping sont identiques dans la
taille et dans la forme au trois jeux précédents mais sont à peu près
dépourvus d’ornementation. D’un autre côté, les quelques
ornements présents sont intéressants car les armes royales des
galeries sont celles utilisées entre 1714 et 1801. Fincham va même
plus loin dans ce sens. Ses armoiries royales sont contemporaines. Ils
se différencient des autres en ayant Saint Georges et le Dragon comme
figure de proue à la place du roi Edgar et ses vassaux ainsi que par de
nombreux autres petits détails. Tous
ces dessins et particulièrement les deux premiers, ceux qui se
rapprochent le plus du modèle sont clairement inspirés par la gravure
de Payne surtout pour leur élévation de côté, bien qu’ils montrent
l’autre côté, celui de tribord. Ils correspondent jusque dans les
plus petits détails, mais les vues de la poupe et la poupe du modèle
ne montrent pratiquement aucune ressemblance avec le portrait de Pett.
La position des deux rangées de fenêtres est à peu près la même,
mais c’est tout. La place de la Victoire et de ses assistants est
occupée par les Armes Royales, celles des Armes Royales par les lettres
C R et celle de la figure au dessus des Armes Royales par les trois
plumes. Il y a encore beaucoup d’autres différences même si celles
que je mentionne suffisent. La poupe de Fincham est une version simplifiée
des trois premières, mais celle des dessins du Lieutenant Gartside
Tipping montre des points d’intérêt particuliers. Elles ne montrent
que deux éléments de décoration, un homme à cheval et une grande
fleur de lys, le premier au milieu du navire entre les deux rangées de
fenêtres et l’autre plus bas sous la seconde rangée. Ses deux représentations
n’ont pas d’équivalent dans les autres jeux de dessins. Par contre
sur le tableau de Trinity House, il y a un autre navire vu plein arrière
et les deux seuls détails qu’on discerne avec certitude dans la décoration
sont justement ceux qui apparaissent dans ce jeu de dessins. Il est bien
possible que le second navire ne serve qu’à représenter la poupe du
Royal Sovereign, mais le contraire est possible aussi. Même ainsi cela
ne nous aide pas beaucoup à moins que nous le considérions comme une
indication de l’aspect de la poupe après reconstruction. Il reste la
poupe telle qu’elle apparaît sur le modèle et les dessins qui lui
sont associés. D’où cela vient il, nous ne pouvons le dire. Cela
pourrait être la représentation de la poupe après reconstruction,
bien que nos connaissances actuelles ne nous permettent pas d’en
apporter la preuve. Si c’est le cas, nous devons également supposer
que le côté représente également le navire de 1660, mais ceci,
comparé à l’œuvre de Payne, semble improbable. Même si le navire
avait conservé sa décoration durant la période du Commonwealth, il
est douteux qu’il aurait été reconstruit avec le même avant allongé
quand d’autres vaisseaux comme le Naseby par exemple avaient déjà été
construits avec un avant considérablement raccourci. Une des caractéristiques qui discréditent considérablement ces dessins est la hauteur sous barrots très anormale qu’ils montrent. Mesurée de la partie supérieure d’un pont à la parties supérieure du suivant, il n’y a pas moins de 8.8 pieds sous le pont milieu, 7.6 pieds sous le pont supérieur, 9.2 sous le demi pont, 7.4 sous le château avant, 6.8 sous le quart pont et 5.4 sous la dunette. En
enlevant l’épaisseur des planchers et l’épaisseur des baux, il est
certain que la plupart sinon toutes les hauteurs sont très exagérées.
C’est un point mineur mais qui vaut d’être noté, la hauteur totale
du dessin, du bas de la quille jusqu’en haut de la plus haute des
lanternes est de 80 pieds, quand Heywood qu’on ne peut soupçonner
d’avoir sous estimé les mesures ne donne que 76 pieds. Il
reste un point à étudier, les dimensions données sur chacun des
dessins. Elles sont de 173 pieds pour le pont de batterie, 139 pieds et
11 pouces pour la quille, 560 pieds au maître bau, 20 pieds de creux,
et 1861, 53/94 tonneaux. La version de South Kensington donne une quille
de 139 pieds, et Fincham indique un tonnage de 1821, 23/94. A part cela,
les différents tableaux sont tous semblables. Mais un examen attentif
des dessins montre que la longueur de la quille n’obéit pas à la règle
de ‘’harping’’ La moyenne est approximativement de 147,5 pieds.
Il est à peu près certain que cette règle de ‘’harping’’ n’était
pas en usage en 1637, et si c’est le cas, le tableau des dimensions
doit être postérieur aux dessins. De même le maître bau est donné
pour 50 pieds quand la mesure des dessins ne donne que 49 pieds. De
l’une ou l’autre façon, c’est de toute façon trop grand. Il est
à pu près certain que le navire de 1637 devait mesurer 46 pieds 6
pouces à l’intérieur ou 48 pieds bordés compris. Les dimensions ne
correspondent à aucune des listes habituelles. Elles ne sont pas très
éloignées des chiffres du Registre de l’Amirauté pour le Royal
Sovereign de 1701, mais ils sont beaucoup trop importants pour les trois
navires précédents, quelque soit la liste qu’on utilise. Cela vaut
la peine de rentrer quelques chiffres pour démontrer clairement que les
dessins ne sont pas basés sur le navire de 1637, au moins en ce qui
concerne les dimensions. Voir
le tableau : THE
« ROYAL SOVEREIGN » OF 1737
Gun Deck
Keel
Beam.
Tonnage. Heywood’s
Account
…………
128’
48’
1,637 Pour résumer : Les dessins et le modèle de Greenwich pris ensemble sont probablement basés sur un mélange de la gravure de Payne et d’un jeu de dimensions défectueux. La décoration de la poupe peut avoir une ressemblance avec le navire de 1660 ou de celui de 1684, mais il est certainement faux pour ce qui concerne le Royal Sovereign original. D’un autre côté, la gravure de Payne et le portrait de Pett donnent, au moins pour la coque, une image assez satisfaisante de l’aspect du vaisseau d’origine, celui de 1637. Si cet article ne donne pas de conclusion définitive, il examine les points négatifs et positifs. J’espère avoir fait avancer les choses vers ce qui pourrait être une représentation véritable du navire en question et avoir montré les points faibles d’autres représentations souvent considérées comme fiables. Avec
ces dernières données, traduites par le ROYAL SOVEREIGN
en 1660 : |
G. Delacroix 1999-2006