Etat 1660
Le modèle du Royal Sovereign est, avant
tout, à regarder comme un instantané, un flash dans la carrière du
navire qu’il représente, carrière qui fut exceptionnellement longue
puisque le Royal Sovereign a vécu 60 ans. Le vaisseau qu’il représente a
été modifié durant sa période de vie, aussi j’aurais pu le représenter
avec un lion couronné comme figure de proue, (sur la fin de sa carrière)
figure habituelle à cette époque. Généralement après un radoubage ou
«re-construction » le navire est modifié, ce qui fut aussi le cas pour
ce premier vaisseau trois ponts qu’est le Sovereign of the Seas de 1637.
En construisant ce modèle, le but premier était de me prouver que
j’étais capable de réaliser de mes mains ce que d’autres ont fait, bien
avant moi, avec des moyens plus rudimentaires que les miens et qui sont
toujours exposés dans les Musées, tel est le seul et unique but ou défi
de départ que je m’étais fixé et je pense y être parvenu. Quant à la
décoration du modèle, c’est en me rendant compte que par la volonté, la
ténacité et la persévérance que je parvenais à, plus ou moins, sculpter,
c’est alors que je me suis intéressé à l’historique de ce vaisseau
estimant qu’il était bon, dès lors, d’être dans la vérité historique du
modèle malgré la rareté de la documentation du 17e S.
Concernant mes recherches sur le Royal
Sovereign, elles datent déjà du début 1963. En réalité, j’ai construit
deux souverains des mers, et c’est en septembre 1978 que je présentais
mes deux modèles au championnat d’Europe à Cannes (il y avait 21 nations
représentées au Palais des festivals) où je reçus deux médailles, une
d’or pour le Royal Sovereign et la seconde d’argent pour le petit
modèle, qui était en compétition avec le 1er nommé : voici la
photographie de ce merveilleux moment !
Le premier souverain, le petit, fut
construit de 1963 à 1966, d’après un plan italien, dont la décoration a
une certaine similitude avec le modèle qui se trouve au Science Museum
de Londres. Quelques différences subsistent à la poupe et aux flancs,
voir la photographie noir et blanc, reçue du Science Museum (échelle
1/96).
Voici ensuite celui réalisé d’après le plan
italien. C’est en tombant accidentellement sur la gravure de J. Payne,
après plus de 3 ans de travail dans la décoration et l’apprentissage de
border une coque sur couples en contre-plaqué à l’échelle du 1/75 que
j’ai constaté plusieurs anomalies et de ce fait que le modèle n’était
pas exact. De plus la décoration est réalisée dans le buis et j’ai
commis l’erreur de la dorer à l’or liquide américain de 24 carats.
Erreur impardonnable ! Je l’ai abandonné pour passer à des recherches,
beaucoup plus approfondies tout en évitant, cette fois, les plans
du commerce.
Ainsi après avoir écrit et reçus la liste
des plans du National Maritime Museum de Londres, la commande fut faite
et dès la réception du plan du Royal Sovereign à l’échelle du 1/48e
j’ai débuté immédiatement sa décoration sans trop me poser de questions
car la poupe ne correspondait pas à mon désir, à mon souhait.
Effectivement le plan de Greenwich n’a aucune ressemblance avec la poupe
du modèle du Science Museum et ce modèle du Science Museum diffère aussi
de la peinture du portrait de Phinéas Pett. Malheureusement il n’existe
rien d’autre ou d’approchant et les sources officielles ne sont pas
faciles à trouver, cependant il est indispensable de rechercher le
comment et le pourquoi du plan de Greenwich, la date de la
représentation de ce modèle mais surtout la provenance du plan et sa
documentation.
Plus tard, au mois d’avril 1978, après avoir
pris rendez-vous, je me suis rendu à Londres au National Maritime
Museum, où j’ai rencontré Messieurs D.J. LYON, ROBERT CARDINER historien
et auteur d’une magnifique revue « MODEL SHIPWRIGHT » bien connue des
modélistes, ensuite Mr. LEES auteur des deux magnifiques ouvrages
traitant de la mature anglaise afin d’obtenir des renseignements sur la
mature du Royal Sovereign.
Sur place, j’ai posé beaucoup de questions et j’ai eu l’occasion
d’étudier les trois plans presque identiques de ce Royal Sovereign
(c’est ainsi qu’il est nommé : voyez le cartouche du plan, photo, en fin
de l’article). C’est à ce moment là que j’ai compris que je serais
obligé de poursuivre mes recherches sur la vérité historique.
Pendant ma visite, j’ai pu constater que j’avais acheté le plan le plus
beau et le plus net dans le dessin, celui portant le n° 6538 B. J’ai pu
obtenir une reproduction en couleur de la gravure de Jones Payne datant
des environs de 1637/47 :
Cliquez sur l'image pour l'agrandir.
J’ai une
reproduction, noir et blanc, de la peinture représentant Phinéas Pett le
concepteur, maintenant présenté comme portrait de Peter Pett, avec vue
sur la poupe du Sovereign of the Seas, voici la vue de la poupe, cette peinture a été
réalisée par Peter Lely et non par P. Lévy (d’après le Science Muséum),
l’on parle maintenant de Dobson ou Walker ?
Je sais qu’après avoir fait de très
nombreuses recherches, un riche Américain s’est fait construire le
Sovereign of the Seas, (modèle que je ne connais pas) mais là aussi, je
sais déjà qu’il n’est pas correct quant à la décoration (suivant la
tradition de l’époque), elle était dorée (en réalité souvent peinte de
couleur jaune sur fond noir et seules les armes royales qui ornaient
toujours la poupe des vaisseaux anglais étaient vraiment dorées) comme
d’ailleurs «le Prince Royal de 1610 » ou «le Prince de 1670 » ou même
le «Sovereign » et il est donc bien difficile de savoir comment était
le vrai par manque de documents authentiques. Quant à la peinture du
portrait, je ne suis pas suffisamment qualifié pour l’étudier,
l’analyser, étant éloigné de toutes sources d’informations d’origine.
Mais là aussi il y a sûrement, comme toujours, l’interprétation de
l’artiste, et puis il y a le temps qui a fait son œuvre, ses ravages,
sans oublier les peintres restaurateurs pas toujours très qualifiés et
leurs réparations mal réalisées ou erronées.
Tout en travaillant sur mon modèle, mes
recherches se sont poursuivies inlassablement. J’ai posé beaucoup de
questions dans les services concernés des deux principaux Musées de
Londres. Ceux-ci répondent toujours aux demandes, mais ce n’est pas
toujours une réponse par retour du courrier, non ! Il faut du temps !
Mais en tout cas, c’est toujours avec courtoisie que la demande sera
satisfaite. |