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Mémoire sur
THE ROYAL SOVEREIGN
Le Souverain, Royal Souverain, Souverain Royal ou Souverain des mers,
construit par Peter Pett sous la direction de son père Phinéas Pett a été lancé à Woolwich en 1637.

par Arthur MOLLE

 


Etat 1660

Le modèle du Royal Sovereign est, avant tout, à regarder comme un instantané, un flash dans la carrière du navire qu’il représente, carrière qui fut exceptionnellement longue puisque le Royal Sovereign a vécu 60 ans. Le vaisseau qu’il représente a été modifié durant sa période de vie, aussi j’aurais pu le représenter avec un lion couronné comme figure de proue, (sur la fin de sa carrière) figure habituelle à cette époque. Généralement après un radoubage ou «re-construction » le navire est modifié, ce qui fut aussi le cas pour ce premier vaisseau trois ponts qu’est le Sovereign of the Seas de 1637.
En construisant ce modèle, le but premier était de me prouver que j’étais capable de réaliser de mes  mains ce que d’autres ont fait, bien avant moi, avec des moyens plus rudimentaires que les miens et qui sont toujours exposés dans les Musées, tel est le seul et unique but ou défi de départ que je m’étais fixé et je pense y être parvenu. Quant à la décoration du modèle, c’est en me rendant compte que par la volonté, la ténacité et la persévérance que je parvenais à, plus ou moins, sculpter, c’est alors que je me suis intéressé à l’historique de ce vaisseau estimant qu’il était bon, dès lors, d’être dans la vérité historique du modèle malgré la rareté de la documentation du 17e S.

Concernant mes recherches sur le Royal Sovereign, elles datent déjà du début 1963. En réalité, j’ai construit deux souverains des mers, et c’est en septembre 1978 que je présentais mes deux modèles au championnat d’Europe à Cannes (il y avait 21 nations représentées au Palais des festivals) où je reçus deux médailles, une d’or pour le Royal Sovereign et la seconde d’argent pour le petit modèle, qui était en compétition avec le 1er nommé : voici la photographie de ce merveilleux moment !

Le premier souverain, le petit, fut construit de 1963 à 1966, d’après un plan italien, dont la décoration a une certaine similitude avec le modèle qui se trouve au Science Museum de Londres. Quelques différences subsistent à la poupe et aux flancs, voir la photographie noir et blanc, reçue du Science Museum (échelle 1/96).

 

Voici ensuite celui réalisé d’après le plan italien. C’est en tombant accidentellement sur la gravure de J. Payne, après plus de 3 ans de travail dans la décoration et l’apprentissage de border une coque sur couples en contre-plaqué à l’échelle du 1/75 que j’ai constaté plusieurs anomalies et de ce fait que le modèle n’était pas exact. De plus la décoration est réalisée dans le buis et j’ai commis l’erreur de la dorer à l’or liquide américain de 24 carats. Erreur impardonnable ! Je l’ai abandonné pour passer à des recherches, beaucoup plus approfondies tout en évitant, cette fois, les plans du commerce.

       

Ainsi après avoir écrit et reçus la liste des plans du National Maritime Museum de Londres, la commande fut faite et dès la réception du plan du Royal Sovereign à l’échelle du 1/48e j’ai débuté immédiatement sa décoration sans trop me poser de questions car la poupe ne correspondait pas à mon désir, à mon souhait. Effectivement le plan de Greenwich n’a aucune ressemblance avec la poupe du modèle du Science Museum et ce modèle du Science Museum diffère aussi de la peinture du portrait de Phinéas Pett. Malheureusement il n’existe rien d’autre ou d’approchant et les sources officielles ne sont pas faciles à trouver, cependant il est indispensable de rechercher le comment et le pourquoi du plan de Greenwich, la date de la représentation de ce modèle mais surtout la provenance du plan et sa documentation.

Plus tard, au mois d’avril 1978, après avoir pris rendez-vous, je me suis rendu à Londres au National Maritime Museum, où j’ai rencontré Messieurs D.J. LYON, ROBERT CARDINER historien et auteur d’une magnifique revue « MODEL SHIPWRIGHT » bien connue des modélistes, ensuite Mr. LEES auteur des deux magnifiques ouvrages traitant de la mature anglaise afin d’obtenir des renseignements sur la mature du Royal Sovereign.
Sur place, j’ai posé beaucoup de questions et j’ai eu l’occasion d’étudier les trois plans presque identiques de ce Royal Sovereign (c’est ainsi qu’il est nommé : voyez le cartouche du plan, photo, en fin de l’article). C’est à ce moment là que j’ai compris que je serais obligé de poursuivre mes recherches sur la vérité historique.
Pendant ma visite, j’ai pu constater que j’avais acheté le plan le plus beau et le plus net dans le dessin, celui portant le n° 6538 B. J’ai pu obtenir une reproduction en couleur de la gravure de Jones Payne datant des environs de 1637/47 :


Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

J’ai une reproduction, noir et blanc, de la peinture représentant Phinéas Pett le concepteur, maintenant présenté comme portrait de Peter Pett, avec vue sur la poupe du Sovereign of the Seas, voici la vue de la poupe, cette peinture a été réalisée par Peter Lely et non par P. Lévy (d’après le Science Muséum), l’on parle maintenant de Dobson ou Walker ?

Je sais qu’après avoir fait de très nombreuses recherches, un riche Américain s’est fait construire le Sovereign of the Seas, (modèle que je ne connais pas) mais là aussi, je sais déjà qu’il n’est pas correct quant à la décoration (suivant la tradition de l’époque), elle était dorée (en réalité souvent peinte de couleur jaune sur fond noir et seules les armes royales qui ornaient toujours la poupe des vaisseaux anglais étaient vraiment dorées) comme d’ailleurs «le Prince Royal de 1610 » ou «le Prince de 1670 » ou même le  «Sovereign » et il est donc bien difficile de savoir comment était le vrai par manque de documents authentiques. Quant à la peinture du portrait, je ne suis pas suffisamment qualifié pour l’étudier, l’analyser, étant éloigné de toutes sources d’informations d’origine. Mais là aussi il y a sûrement, comme toujours, l’interprétation de l’artiste, et puis il y a le temps qui a fait son œuvre, ses ravages, sans oublier les peintres restaurateurs pas toujours très qualifiés et leurs réparations mal réalisées ou erronées.

Tout en travaillant sur mon modèle, mes recherches se sont poursuivies inlassablement. J’ai posé beaucoup de questions dans les services concernés des deux principaux Musées de Londres. Ceux-ci répondent toujours aux demandes, mais ce n’est pas toujours une réponse par retour du courrier, non ! Il faut du temps ! Mais en tout cas, c’est toujours avec courtoisie que la demande sera satisfaite.

 

 


G. Delacroix 1999-2006