Les documents relatifs aux
navires construits spécifiquement pour la traite
négrière sont relativement rares. On connaît bien-sûr quelques exemples de "négriers" mais
les informations qu'ils nous apportent sont relativement
succinctes. J. Boudriot a découvert, aux Archives du
port de Rochefort, un dossier provenant du constructeur
Hubert Penevert contenant de nombreux documents de travail.
Parmi ces pièces se trouvent quelques feuillets
concernant la construction d'un navire destiné
à la traite nommé "L'Orore". A partir de ces
documents et du devis de charpentage d'un navire similaire,
l'auteur a élaboré une monographie
complète ayant servi de base à la
réalisation de ce modèle.
Vue de profil de la
corvette, les oeuvres vives ne seront pas bordées
(Ech.:1/36).
Les navires pratiquant la
traite doivent avoir de bonnes qualités nautiques, la
rapidité des traversées diminuant les frais et
la mortalité. La carène doit être fine
mais de vastes volumes de cale sont cependant requis pour
entreposer les importantes quantités d'eau et de
vivres nécessaires à la "cargaison". De
même, la surface utilisable dans l'entrepont doit
être importante afin de loger les 600 futurs esclaves
qui y seront retenus.
La charpente d'un tel navire est plus légère
que celle d'une corvette de guerre et les ponts sont
réalisés plus simplement, choix
justifié par une artillerie peu nombreuse et de petit
calibre. La mâture est moins élevée, on
n'utilise pas les voiles d'appoints diverses, "fantaisies"
nécessitant un équipage plus
conséquent, condition que les critères
économiques ignorent.
Les aménagements intérieurs sont sensiblement
différents des habitudes de la Marine du roi. Hormis
la petite soute du maître canonnier traditionnellement
placée à l'extrême arrière de la
cale, la totalité de cette dernière est
dévolue au stockage de l'eau et des vivres (biscuit,
fèves et riz).
Les captifs sont logés dans l'entrepont, leur nombre
important obligeant à construite des
échafauds, sortes de larges étagères
sur lesquelles une partie des hommes est allongée. La
partie tout à l'avant sert de cambuse à
l'équipage qui y entrepose ses vivres, les hommes
occupent environ deux tiers de l'entrepont dont ils
partagent une partie avec les câbles d'ancre. L'espace
restant vers l'arrière est occupé par les
femmes. Une soute formant double cloison sépare ces
deux espaces, on y place généralement les
voiles de rechange. Les caillebotis donnant sur le pont sont
remplacés par des grilles de fer et le passage de la
grande écoutille est construit en tambour à
claire voie.
Le pont principal est dédié au séjour
des captifs dans la journée aussi, les cuisines
traditionnellement placé sur l'avant de ce pont sont
déplacées en arrière du
grand-mât. Une forte palissade hérissée
de pointes tranchante ferme le pont au niveau du gaillard
d'arrière, séparant ainsi les captifs de
l'équipage et de l'état major.
Autre particularité, les embarcations sont
placées sur la mâture de rechange
elle-même surélevées par des potences
afin de dégager le pont principal.
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