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LE FLEURON
Modèle d'une tranche située au maître-couple

 

C'est le constructeur Blaise Ollivier qui en 1729 aura la charge de concevoir et de réaliser, avec son père, constructeur lui-même, le vaisseau de 64 canons Le Fleuron. Ce bâtiment se place dans une période de transition entre les héritages du XVIIème siècle et les notables améliorations que ce constructeur apportera quelques années plus tard.
B. Ollivier nous a laissé un devis numérique très complet de ce bâtiment ainsi que plusieurs manuscrits de Traités de construction . La conservation de ces sources et la préservation des dessins des sculptures m'ont permis de réaliser une monographie très complète servant de base à la réalisation de la section présentée. Les dimensions principales de ce vaisseau sont : longueur 145 pi 8 po (47.20m) largeur 39 pi 4 po (12.73m) creux 18 pi 2 po (5.88m). Le Fleuron est bien caractéristique de l'école française du début du XVIIIème siècle. Les méthodes de fabrication des vaisseaux n'ont pas encore subi l'influence des constructions anglaises ou hollandaises qui feront évoluer, quelques années plus tard, l'architecture navale française. Le Fleuron méritera bien son nom car il sera un des meilleurs navires de la flotte de Louis XV. Les remarques à son sujet sont fort éloquentes : "tous ceux qui ont navigué sur Le Fleuron ou qui l'ont vu naviguer le regardent comme un vaisseau parfait". Son armement est constitué de 24 canons de 24 livres en fer sur le premier pont, 26 canons de 12 livres au second pont et 10 canons de 6 livres sur les gaillards. Cet armement réduit à 60 canons correspond à une période de paix.
Le Fleuron est présenté ici par l'intermédiaire du modèle d'une tranche réalisé aux environs du maître-couple, par quelques photos de modèles construits par des modélistes belges et par le modèle au 1/24 par Jacques Maillière.


LES SOURCES
La mise en oeuvre d'une tranche de navire est tributaire d'une monographie ou d'un recueil de plan. Cette base graphique doit permettre de trouver la définition des formes de chaque pièce. Le but de la tranche étant de présenter un ensemble cohérent, il n'est pas question de se contenter de sources approximatives ou incomplètes. Les dessins de la quinzaine de couples concernés et des aménagements intérieurs sont indispensables et s'ils n'existent pas, il sera nécessaire de les créer ainsi que la structure des ponts et l'accastillage. Cela suppose une connaissance approfondie du sujet. Il existe aujourd'hui d'excellentes monographies dans lesquelles la charpente et les dispositions intérieures sont détaillées, je vous conseille vivement de les utiliser. Elles vous permettront de réaliser un modèle de qualité en vous apportant toutes les informations nécessaires à une exécution rigoureuse.

ASPECT PRATIQUE
La réalisation de la tranche présentée ici aura nécessité environ un an de travail. Cette construction s'appuie sur mon premier ouvrage, la monographie du Fleuron.
Le merisier est utilisé pour les grosses pièces de charpente, éléments des couples ou baux des ponts. Hormis les lisses moulurées et les décorations qui sont en buis, tout le reste de la construction est réalisé en poirier. L'association du poirier et du merisier est du meilleur effet et une fois ciré, la différence de teinte et de grain est peu sensible. L'utilisation d'un fond-dur pour la finition est peut-être préférable à celle de la cire car celle-ci retient la poussière. Les préceintes et les plat-bords sont teintés à l'encre de chine puis cirés.
Toutes les parties métalliques sont en laiton bruni à la tourmaline. Il est nécessaire de braser toutes les pièces d'assemblage : la variation de l'hygrométrie fait travailler le bois de façon telle que les soudures à l'étain ne résistent pas longtemps aux écarts dimensionnels qui en résultent. Exemple : les cerclages des mats qui s'ouvrent lors de transport du modèle par temps humide. Le brasage à l'argent est résistant et sa mise en œuvre est très simple.
La réalisation de certains éléments doit être mûrement réfléchie car les maladresses engendrées par la notion de "hors d'échelle" sont préjudiciables à un modèle. Mais le modélisme d'arsenal est souvent affaire de conventions aux limites très élastiques...

© G. Delacroix 1999-2000