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LE FLEURON
Modèle d'une tranche située au maître-couple

 

CANON DE 24 LIVRES amarré "à la serre"

Un des canons de 24 livres de la première batterie. Le poids du tube de ce canon est de 2640 kg, si on ajoute le poids de l'affût et des accessoires indispensables à sa manœuvre, la masse totale atteint presque 3500 kg. Sachant que la première batterie comporte 24 pièces de ce calibre, les dimensions importantes des pièces de charpente du premier pont s'admettent aisément. Il faut 11 hommes pour maîtriser et utiliser cette arme redoutable. L'affût est du type "à sole pleine" utilisé jusqu'en 1760 environ. Les essieux sont encastrés et cloués sous la sole et leurs extrémités sont renforcées par un cerclage en fer. Je rappelle que les roulettes d'affût ne sont jamais cerclées; si elles l'étaient, elles dégraderaient rapidement le pont.

Les canons de la première batterie ne sont au sabord que lors du combat, pendant l'exercice ou lorsque le vaisseau est au port. Le reste du temps, ils sont ordinairement amarrés d'une façon bien particulière : l'amarrage à la serre, ainsi dénommé car la bouche du canon est appuyée contre la serre-bauquière du deuxième pont dans l'axe du sabord. Dans les vieux vaisseaux, l'empreinte du canon est fortement marquée dans le bois de la serre. Pour pratiquer ce type d'amarrage, on baisse la culasse vers la sole, la bouche du canon est placée sous la boucle implantée au-dessus du sabord. Un cordage embrasse la volée du canon et fait plusieurs tours entre celle ci et la boucle. Le palan de recul est accroché à cette boucle d'un coté et au bouton de culasse de l'autre grâce à un anneau de corde. Ce palan est raidi et le surplus du cordage fait plusieurs passes entre le bouton de culasse et la boucle. Plusieurs demi-clefs immobilisent l'ensemble. La brague est passée sous les museaux de l'essieu avant. Les palans des cotés de l'affût sont fortement raidis et, là aussi, le reste du cordage est tendu entre le bouton de culasse et les crocs des cotés du sabord puis amarré de façon identique. Un filin de grande longueur est alors disposé autour de la brague et des palans de coté. Une série de passes élaborées permettent de raidir énergiquement ce faisceau de cordage. Par ailleurs, un grelin serpente entre l'arrière des affûts et des boucles implantées sur le pont entre les sabords. Convenablement tendu, il participe au maintien des canons. Ces dispositions peuvent être complétées par des cales triangulaires clouées sur le pont derrière les roues. La fermeture des mantelets est réalisée grâce à une barre de bois placée en travers du sabord. Des amarrages entre cette barre et les boucles des mantelets les maintiennent fermés. On remplace quelquefois cette barre par les leviers de pointage du canon (pince et anspect).

 

Canon de 24 £

© G. Delacroix 1999-2000