LA DILIGENTE
Tartane du roi construite à Toulon en 1738
Modèle au 1/24 par Jacques Maillière
D'après les plans de Gérard Delacroix
La partie supérieure des arbres est garnie d'un bloc, le calcet, généralement en noyer, comportant deux forts rouets en bronze. Ces derniers tournent sur un axe dont les paliers en bronze sont fixés sur les joues du calcet. Ces rouets sont destinés à l'itague de l'antenne, l'aman. Arrivant par l'arrière du mât, les deux brins de l'aman passent dans les trous d'une pièce, appelée sionne, servant de guide. Après leur passage sur les rouets, les brins traversent une autre sionne, à l'avant du mât puis les deux bouts sont épissés ensemble. La boucle ainsi formée estrope alors un gros quinconneau qui retiendra ensuite l'antenne par l'intermédiaire d'un collier, la polome dont on aperçoit ici la partie supérieure. Un peu en dessous des sionnes, on pratique deux entailles biaises tout autour du mât. Ces entailles sont destinées à retenir deux enroulements de cordages, appelées ceinturettes, qui maintiennent les gances des pendeurs des haubans à la tête du mât. Ces pendeurs sont congréés (on passe un petit cordage dans le creux des torons), limandés (enroulement d'une bande de toile sur les torons congréés) puis fourrés (recouvrement par un tout petit cordage serré en spirale jointive). Cette disposition, très courante en gréement protège efficacement le cordage du frottement et des intempéries. Sur le modèle, on a fait abstraction du limandage mais le congréage et la fourrure ont été faits, ce qui se remarque par l'aspect cylindrique du cordage ainsi traité. Cette méthode a été systématiquement appliquée aux cordages fourrés, y compris pour les estropes des poulies. Suite de la photo précédente, la tête du mât est vue ici sur son autre bord. On peut observer le collier de l'antenne, la polome qui est passée dans le quinconneau de l'aman. Au niveau de l'antenne, le collier de racage et la poulie supérieure de son palan de ridage qui est visible sur la photo de gauche. Il est classiquement constitué de pommes et de bigots.ll faut remarquer que le collier du racage porte sur la polome et non sur l'antenne, laissant beaucoup de liberté à cette dernière sans la contraindre dans les multiples positions qu'elle peut adopter suivant les allures. Les gances des pendeurs des sartis sont immobilisés sur les ceinturettes par un cordage passé en croisillons. Les deux cosses disposées de part et d'autre des pendeurs sont utilisées par certaines manœuvres du gréement carré qui est installé par mauvais temps. Les sionnes sont encastrées dans le calcet par une rainure en queue d'aronde. Légèrement au-dessus, le pied d'un petit mât de pavillon. Au premier plan, l'antenne de mestre construite grâce à deux espars qui se recouvrent sur une certaine longueur. Ces deux pièces sont fermement liées par les trinques, l'équivalent des roustures. Ce gros plan juste pour présenter la facture très réussie des voiles. J.Maillière a travaillé ses voiles de façon remarquable, la toile est repliée en zède puis le pli reçoit les deux coutures. L'intervalle entre les coutures est d'environ 2,5 mm. Toutes les poulies de la tartane ont leur estrope épissée puis ensuite éventuellement fourrée. Le gréement a été confectionné avec du fil de lin qui est utilisé par les cordonniers, ce matériau est très agréable à travailler, il est glacé (aucunes peluches à craindre) de plus, les teintes disponibles correspondent bien à son utilisation. Le grand modèle de
"La Diligente" est aujourd'hui terminé. Cette
réalisation aura demandé deux ans et demi de
travail à Jacques Maillière. Ce délai
peut paraître important pour ce "petit" bâtiment
mais on pourra remarquer que la réalisation des deux
voiles a, par exemple, nécessité huit semaines
de labeur. L'échelle conséquente du
modèle (1/24ème) a permis de les confectionner
de façon très réaliste et la mise en
œuvre de la méthode de fabrication est exigeante en
heures de travail. Suivant les formules adoptées,
choix de l'échelle, option avec ou sans charpente,
peinture ou bois naturel, etc., les délais de
réalisation peuvent être très variables.
Nous avons par ailleurs l'exemple d'un modèle
construit au 1/48ème par Gérard Chatainier qui
n'a demandé que 6 mois d'exécution. Sa
réalisation est tout aussi remarquable bien qu'il
soit différent étant entièrement
bordé et peint. |