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L'AURORE

Modèle original au 1/12 de la Bibliothèque Sainte Geneviève à Paris

 

Trois quarts avant

L'Aurore est une "petite corvette", terme plus applicable à sa mâture qu'à sa taille car si on la compare à celles en service dans la Marine, ces dernières ont, pour la période qui nous intéresse, une centaine de pieds de longueur au minimum, celle de L'Aurore n'est que de 66 pieds (21,45m).

Son supposé concepteur, Nicolas Ozanne, alors ingénieur géographe de la Marine, est surtout connu pour ses talents artistiques de dessinateur. En plus de son habileté à représenter les bâtiments de la Marine de son époque, il effectue des recherches sur la conception de navires. Le Marquis de Courtanvaux connaissant cette aptitude lui proposa l'étude d'un petit bâtiment capable de le transporter avec ses invités pour le voyage d'expérimentation des montres marines. N. Ozanne lui soumis plusieurs projets, le Marquis, charmé par la conception peu courante et l'harmonie des aménagements, choisit celui qui aboutit à la construction de L'Aurore. Celle ci fut confiée à Jean-Philippe Bonvoisin dont le chantier était établi au Havre. Parmi les navires d'importance qu'il avait déjà construit figurait "La Légère" de 250 tonneaux bâtie en 1755 pour la Compagnie des Indes.
 

 

Trois quarts arrière
(Extrait du texte de la monographie)

...Une des particularités de cette coque se situe à l'arrière du bâtiment. En effet, dans cette partie N. Ozanne a conçu une poupe qui, par sa conception, s'écarte des règles traditionnelles de la construction. Afin d'obtenir, en fonction de la position décalée du pont sous le gaillard, une hauteur d'appui raisonnable pour les fenêtres de la poupe, il a placé la façade du tableau immédiatement au-dessus de la lisse d'hourdi. Partant de là et pour donner du relief à la poupe, il a ensuite positionné les jambettes de voûte au-dessus des fenêtres puis a organisé, au-dessus encore, un fronton décoré pour terminer la poupe. Deux tritons posés en cariatides en garnissent les côtés et semblent soutenir la voûte du tableau.
Les quatre fenêtres de la poupe peuvent être occultées par des volets coulissants, une petite ouverture ovale au milieu laisse passer un peu de jour. Cet ensemble est couronné par un grand fanal en fer blanc de forme hexagonale...

... L'Aurore est dite "gréée à l'anglaise" car elle utilise des particularités empruntées à la marine de ce pays. Les maîtres-gréeurs du nord de la France sont, par leur localisation, plus amenés à utiliser les nouveautés d'outre-Manche. Ils ont l'occasion de les observer régulièrement et sont naturellement enclins à les reproduire sur les vaisseaux. Un grand nombre de dispositions présentes sur L'Aurore deviendront règles générales quelques années plus tard. A l'époque de la construction de la corvette, cette manière de gréer est encore nouvelle et si ces principes de gréement sont probablement connus dans la Marine, ils ne sont pas encore appliqués sur les bâtiments du roi.
Comme nous le savons, l'équipage de L'Aurore est limité à 18 matelots ce qui est bien peu pour manier un gréement aussi complexe que celui d'un trois mâts même aux dimensions modestes. Afin de faciliter le travail, beaucoup de manœuvres ont été simplifiées pour limiter les interventions dans la mâture...

 

(Extrait du texte de la monographie)
L'éperon et la poulaine sont sommaires mais néanmoins traités avec goût. La pièce principale de cet ensemble est bien sûr la figure de proue représentant la déesse Aurore. Particularité notable de cette figure, la déesse est assise en amazone. Une seule herpe porte le plancher de la poulaine, elle est sou-tenue par deux courbatons, le plus en arrière est installé légèrement en biais. Ces courbatons prennent appui sur l'unique jottereau dont le can est généreusement moulurée. Curieusement il n'y a pas, sur le modèle, les traditionnels sièges d'aisance qui figurent par ailleurs sur le croquis d'Ozanne. Pourquoi ont-ils été omis ? Je l'ignore mais leur installation serait toutefois incompatible avec l'utilisation des câbles car les écubiers sont précisément percés à l'emplacement et à la hauteur de ces accessoires tels qu'ils figurent sur ce croquis.
La dimension des bossoirs est réduite à leur minimum, ces proéminents et disgracieux apparaux sont ici, lorsqu'ils sont vus de profil, astucieusement intégrés dans les lignes du rabattu...
...Un guindeau est installé en arrière du mât de misaine, sa décoration est soignée, c'est une excellente représentation de ce type d'équipement...

 

Décor du tableau
(Extrait du texte de la monographie)
C'est principalement sur sa poupe que L'Aurore porte sa décoration.
La conception originale de l'arrière est prétexte à une ornementation abondante mais néanmoins agréable.
La lisse d'hourdi est habillée de faisceaux interrompus par les embases d'anneaux en bois sculpté. Une guirlande traitée en feuilles de laurier est engagée dans ces anneaux, elle souligne l'alignement de fenêtres placées juste au-dessus.
De chaque côté de la poupe, deux tritons servent de cariatides pour porter les pilastres du tympan. Par leur attitude, le bras intérieur levé et tête inclinée, ils raccordent harmonieusement le flanc du bâtiment avec la composition du tympan.
Le cartouche portant le nom de la corvette, assimilé à un soleil levant, masque symboliquement les nuages de l'ignorance, ses rayons apportant la lumière du savoir. Sur le débordement des nuages de la partie inférieure, on retrouve le même motif floral ornant l'assise de la figure de proue.
Les fenêtres sont ouvertes en partie centrale de ces divers éléments, elles sont ici occultées par leurs volets coulissants. L'encadrement est prétexte à l'installation d'une mouluration dorée. Le volet extérieur bâbord a été remonté à l'envers à l'occasion d'une intervention sur le modèle, son ouverture est décalée en hauteur et les ombres portées des "boutons" sont inversées.
Assurant le raccord entre le tableau et le tympan, la voûte, peinte en trompe-l'œil, est garnie d'une succession d'écailles matérialisant son revers. Le gouvernail traversant la voûte dans sa partie centrale, la disposition des écailles prend en compte l'emplacement de la jaumière.
Le support massif du fanal de poupe qui surmonte le tympan, est encadré par deux cordons en feuilles de laurier terminant la composition à la hauteur de la lisse du couronnement. Sur les côtés, deux généreux paniers de fleurs coiffent le haut des pilastres.
Toutes les ombres portées visibles sur ce clichée sont des ombres peintes dans le but de marquer le relief de l'ornementation.

 

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G. Delacroix 1999