Vers la fin
du XVIIème siècle, plusieurs fondeurs
proposèrent des projets de canons disposant de deux
voire trois tubes ou âmes.
Dans le cas
d'un canon à tubes multiples, les fûts, qui
sont jumelés jusqu'au niveau des tourillons se
séparent au delà de ceux ci afin de respecter
le parallélisme des âmes. Les volées
sont ensuite indépendantes.
Pour les canons à âmes multiples, ces
dernières sont forées à
l'intérieur du tube, celui-ci conservant son aspect
extérieur traditionnel.
Quelques unes de ces pièces,
généralement de petit calibre 4, 6 ou 8
livres, dépassèrent le stade du projet pour
être réalisées et
éprouvées dans les arsenaux.
Quelques
fois, les deux âmes communiquent par
l'intermédiaire d'une sorte de "U" au fond de la
culasse. La mise à feu s'effectue par une seule
lumière débouchant au sommet du "U". Mais plus
couramment les deux âmes sont distinctes, la mise
à feu s'effectue alors par une seule lumière
reliée à chacune des deux âmes par un
canal ou par deux lumières distinctes, une pour
chaque âme. Pour tirer deux boulets simples
successivement sans recharger, deux lumières sont
nécessaires.
Pour les boulets ramés, une seule lumière sert
pour la mise à feu simultanée.
Certaines
pièces peuvent présenter une âme
centrale et des âmes de calibre inférieur
forées en couronne dans l'épaisseur de la
paroi du canon. On peut voir une pièce de ce
modèle prise à Alger en 1830 et exposée
dans une des galeries extérieures du Musée de
l'Armée aux Invalides.
Ce dessin
est dû à Isaac Emery, il présente un
modèle de deux canons de fonte (bronze), de calibre 4
joints, une seule lumière pouvant tirer deux boulets
liés par une barre de fer pour "rompre les cordages
des vaisseaux ou bien mettre à bas un bataillon" mais
pouvant également tirer des boulets ordinaires. Ces
canons jumelés furent éprouvés à
l'arsenal de Toulon les 28 et 30 juin 1692, les barres de
fer se cassèrent en sortant du canon.
On doit aussi à Emery deux petits canons
légers montés sur un affût avec 24
recharges de poudres et boulets pour tirer 12 coups et
pouvant être traînés par deux hommes
seulement.
Spécialiste des projets de canons
doubles ou même triples, l'ingénieur de la
Favolière est l'auteur de très beaux dessins
de canons à tubes multiples. Ses pièces sont
soit à tubes jumelés, soit disposées
"en pantalon".
Certaines
sont munies de plusieurs lumières ce qui ne facilite
pas le pointage : la pièce risque d'être
déstabilisée par le départ du premier
coup de canon si la mise à feu de l'ensemble des
tubes n'est pas instantanée. La difficulté est
identique si les boulets sont liés par une
chaîne ou des barres de fer dans deux âmes
à lumières indépendantes. Le projet
à trois tubes comporte deux lumières pour la
mise à feu.
|