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Réalisation de cordages
sans machine à corder

Par C. Barideau

La fabrication des cordages pour les modèles réduits peut être réalisée selon la méthode traditionnelle, au moyen d’une machine à corder, copiée sur les machines à corder à l’échelle 1/1. On trouvera des exemples sur le site des Gabiers Chimériques ainsi que dans les références citées en fin d’article.
Ces méthodes nécessitent toutes une longue surface plane, des engrenages, une motorisation,… La technique ci-dessous, mise au point par André Gester, membre du Liège Marine Club (Belgique), ne nécessite que peu de matériel et trois points fixes. 
Une tension égale des torons est nécessaire pour obtenir des cordages de bonne qualité : elle se règle mécaniquement au moyen de lest ou de contrepoids dans les machines à corder traditionnelles et à la main dans la méthode proposée ici. C’est le point délicat de cette méthode.

Matériel
1) une perceuse à main ou une miniforeuse électrique permettant d' inverser le sens de rotation, pourvue d'un crochet . 
2) trois crochets à visser
3) quelques anneaux ou boucles de ficelle ou esses .  

Matériau
Fil de couture Polyester Gutermann Col 887 ou Drima  polyester 448 ou équivalent.

 

Réalisation d'aussières

1) Déterminer la longueur d'aussière nécessaire et ajouter une dizaine de cm pour la perte occasionnée lors de la finition ( ex. : pour 200 cm utiles d'aussière, il faut envisager la confection d'une aussière de 210 cm). Pour illustrer l’article, c’est une longueur de 70 cm qui a été choisie. Pour améliorer la visibilité, le fil est de couleur sombre.

2) Fixer un crochet de départ A à un support fixe. 

3) Fixer un crochet B à une distance du crochet A égale à 1,3 fois la longueur calculée en 1) (ex. : 70 cm x 1,3 = 91 cm). 

4) Fixer un crochet C à une distance du crochet A égale à la longueur calculée en 1), soit 70 cm. Ne pas oublier de tenir compte de la dimension des anneaux ou des esses lors de la mise en place des crochets B et C.

5) Étendre, sans tension excessive, le nombre de fils nécessaires à la confection d'un toron, entre les crochets A et B. pour s’épargner autant d’allers-retours que de fils dans les torons, on peut tendre trois fils en même temps. Pour garder les mains libres, on met la bobine dans un récipient quelconque.

6) Solidariser, au niveau du crochet B tous ces fils au moyen d'un anneau ou d'une boucle de ficelle ou d'un crochet. 

7) Accrocher cet anneau au crochet de la perceuse. 

8) En maintenant une tension juste suffisante pour maintenir le toron droit, torsader les fils jusqu’à ce que le raccourcissement soit suffisant pour passer l'anneau sur le crochet C, tout en maintenant la tension.
Les torons de aussières étant torsadés de droite à gauche, il y a lieu, pour cette opération, de faire tourner la perceuse dans le sens des aiguilles d'une montre

9) Recommencer les operations 5) à 8) autant de fois qu' il y a de torons dans la aussière. Sur la photo, le toron N°1 a déjà été torsadé, le N° 2 est en cours, le N° 3 en attente :

10) Tous les torons étant torsadés, charger ensemble tous les anneaux sur le crochet de la perceuse. 

11) Toujours en maintenant une tension constante, torsader ensemble tous les torons. Comme les aussières sont commises à droite, il faut faire tourner la perceuse en sens opposé, c’est à dire en sens inverse des aiguilles d'une montre.
Il est souhaitable que le commettage  soit un peu trop fort. Pour en juger, il suffit de relâcher légèrement la tension sur l'aussière : un tortillement de celle-ci indique que le commettage  maximum est atteint et même dépassé. 

12) Solidariser à chaque extrémité les torons par un point de colle au cyanoacrylate, une ligature ou un nœud. Ces deux dernières méthodes sont moins fiables et plus délicates à réussir. 

13) Décrocher le câble de la perceuse et laissez-le se contorsionner. Pour éviter qu'il ne s'enchevêtre trop, il est prudent de contrôler ses mouvements en le saisissant à une trentaine de cm de son extrémité libre et de guider les mouvements de cette extrémité en la faisant glisser entre les doigts de l'autre main. On allonge progressivement la partie libre du câble. Lorsque cette opération est terminée, on décroche le câble du crochet A. 

Variante, pour des aussières a 3 torons et de faible longueur (moins de 150 cm) 

Au lieu de torsader séparément les trois torons, on peut très bien torsader en une seule fois un seul toron de longueur triple ( ex. : pour une aussière de 110 cm, on fabrique un toron unique de ( 110 cm x 1,3) x 3 = 430 cm). Les fils peuvent être  tendus directement entre le crochet A fixe et le crochet de la perceuse.
On procède alors comme au § 8 ci-dessus, jusqu'à ce que le raccourcissement du câble soit tel que la longueur du toron ne soit plus, dans cet exemple, que de 330 cm.
Le toron est alors replié en Z entre le crochet de la perceuse et le crochet fixe A.
Les torons sont alors commis en aussière comme décrit aux § 11 et suivants ci-dessus.

Réalisation des grelins.
Un procédé identique pourrait être utilisé pour la confection de grelins, mais il est difficile d'obtenir des cordages de grande longueur ( guère plus de 50 cm), bien réguliers.

1) Comme pour la confection de aussières, il faut déterminer la longueur nécessaire de grelin à réaliser et ajouter une vingtaine de cm pour la perte. 

2) Le crochet B est fixé à une distance du crochet fixe A égale à 1,56 fois la longueur calculée en 1). 

3) Le crochet C est fixé à une distance du crochet A égale à 1,2 fois la longueur calculée en 1). 

4) Réaliser d'abord une aussière comme décrit aux §§ 5 a 11 du chapitre aussière. 

5) Recommencer l' opération  4 autant de fois qu' il y a de aussières dans le grelin (habituellement 3). 

6) Reprendre ensemble toutes les aussières sur la perceuse et les commettre à gauche, donc en faisant tourner la perceuse dans le sens des aiguilles d'une montre

7) Terminer comme pour les aussières ( §§ 12 et 13).

Remarques. 

1) Lorsqu'on débute le commettage  des torons en aussière et lorsqu'on commence à commettre les aussières en grelin, un allongement du câble est très sensible. II est primordial d'y être très attentif et de maintenir constante la tension.
2) L' excès de tension, lors de la torsion, est très préjudiciable. Elle provoque notamment un “tirebouchonnement" du toron, ce qui peut entraîner l'apparition de "coques" ou de vrilles.
3) II faut éviter de tendre trop fort les câbles destinés aux manœuvres courantes, car plus la torsion est forte, plus le câble est raide et moins il aura de souplesse aux pliures (passage sur les poulies,… ).
4) Pour les manœuvres dormantes, les câbles très “serrés" sont également peu favorables car lorsqu’on les met sous tension, ils ont une forte propension a se détordre, ce qui peut entraîner la torsion des rides de palans ou de haubans.
5) Si une épissure doit être réalisée sur le câble en fabrication, il est utile de compter un déchet supplémentaire de près de 10 cm pour pouvoir réaliser commodément cette ligature. 

Préparation des brins.
Pour préparer des cordages de très petits diamètres, on ne peut pas se servir du fil du commerce. Celui-ci a un diamètre  de 0.22 mm. Comme il est constitué de 3 brins commis en aussière, on peut, par séparation de ces brins obtenir un matériau plus fin. Cette opération n'est pas difficile, mais demande pas mal de patience.
On commence par dévider de la bobine une cinquantaine de cm de fil et on arrête dans les encoches de la bobine le fil dévidé, de telle sorte que la bobine puisse rester pendue.
On détorsade l’extrémité du fil en le faisant tourner entre le pouce et l' index. De cette manière les trois brins s 'écartent les uns des autres.Tenant un brin dans une main et les deux autres dans l'autre, on laisse pendre la bobine. En écartant doucement les mains, on provoque la rotation de la bobine et la séparation des brins qui seront enroulés sur deux bobines vides, un brin d'un côté, deux de l'autre. Cette opération est recommencée autant de fois que nécessaire.
Les brins séparés conservent une ondulation qui ne gène en rien la confection des cordages. Mais si un brin doit être utilisé tel quel, il est utile de l' "encoller", c' est à dire de l'humidifier, sous une légère tension, au moyen d 'un mélange de colle de bureau et d'eau et de le laisser sécher dans cet état avant de l'utiliser.

Mesure du diamètre  des cordages.
Pour éviter les erreurs de mesure dues à l’écrasement des cordages entre les branches du pied à coulisse, on peut enrouler le cordage, à spires jointives, sur une bobine, en ne le soumettant qu'à une traction juste suffisante pour le maintenir en place. En mesurant l'espace occupé par 10 spires de cordage, on peut connaître avec précision le diamètre du cordage. 

Pour ceux qui préfèrent la technique traditionnelle : 

La description d’une machine à corder assez élaborée figure dans un grand classique (en anglais) du modélisme : NEPAN LONGRIDGE , The anatomy of Nelson’s ships, Model and allied publications, 1961
On peut également trouver des informations intéressantes, mais relatives au procédé « mécanique » de fabrication des cordages dans les articles suivants de la revue Model Shipwright (en anglais aussi) :

DYBAS R., The poor man's ropewalk N°46, pp 52-56, 1983
ROSE Robert M.,  Suggestions on miniature rope making. N°17, pp 10-11  1976
FREESTON Ewart, Variations on a rope making theme, N°11, pp 275-279, 1975


G. Delacroix 1999-2003