La tartane La
Diligente par Robert Gross
Modèle au 1/72
Longueurs de la coque 30 cm,
de la chaloupe 10 cm.
J’ai
entrepris en janvier 1999 la construction de la tartane La
Diligente et il me semble que le moment est venu de vous faire part
de mes joies de constructeur néophyte.
Je
me suis pris au jeu de la recherche, grâce, également à l’inépuisable
documentation proposée par Gérard Delacroix et Hubert Berti.
Je
me suis mis à fouiller les détails (bien modestement, mais je ne désespère
pas de progresser), et, à tout moment, la célèbre maxime de Gérard
Piouffre qui proposait la construction de cette tartane au 1/72
dans Bateau-Modèle: « où serait le plaisir… » est
présente à mon esprit !
Je
vous livre donc quelques réflexions, photos à l’appui, de la
construction de La Diligente.
Pour
la réalisation des deux demi-coques, comme j’ai trouvé des planches
de bois exotique de 4,5 mm d’épaisseur, j’ai confectionné autant
de tranches que de lignes d’eau sur le plan.
Pour le cloutage, j’ai employé du fil de laiton de 4/10 de mm.
Pour les consoles de rabattu, j’ai griffé en forme de grillage un morceau de
poirier que j’ai ensuite frotté de pâte à bois (ébène +vinylique). Je
me suis amusé ensuite à tailler les macarons qui soutiennent les
fargues dans un fragment d’ébène. Comme quoi, en fouillant le
détail, il y a moyen de s’amuser. Pour l’écoutille d’accès à
la chambre, les pentures sont en fil de laiton de 4/10
aplati au marteau, les gonds sont en fil de laiton. Le charnier est réalisé
en tranches alternées de poirier et
d’ébène.
Pour les canons comme je ne possède pas de tour, j’ai procédé de façon
fort peu orthodoxe, voire peu recommandable : un morceau de laiton
de 5 mm de diamètre, pris dans le mandrin de ma perceuse. Je dégage un
épaulement de 3 mm que je saisis dans ma Dremel. Et là, je façonne à
la lime. Tout simplement. En fin de travail, après polissage, je dégage
l'excédent de métal et je perce à 1 mm.
J’ai employé la même technique pour les colonnettes de présentation,
mais j’ai percé le laiton à 2 mm avant de le tourner, bloqué par
deux écrous sur une longueur de tige filetée.
Pour les pierriers, la technique est la même que pour les canons, moins l’épaulement,
puisque ma petite perceuse accepte le laiton de 2,5 mm. La seule
difficulté était de respecter la régularité des frettes. Je m’en
suis tiré en dégageant les ligatures au moyen de la tranche d’une
lime plate de 1,3 mm d’épaisseur. Ce qui m’a obligé, pour ne pas
allonger le tube à réduire de 7 à 6 le nombre de sections. Le
tourillon est un morceau de laiton de 1 mm de diamètre, j'ai réalisé la fourche au moyen de deux morceaux de laiton de 0,4 mm. Le
premier, vertical se loge dans un trou du même diamètre percé dans le pierrier à la hauteur du tourillon et sera mis à poste
sur les allonges, elles-mêmes percées. Le second, après un tour de
tourillon à gauche, passe sous le pierrier et termine par un tour de
tourillon à droite.
Pour obtenir une symétrie parfaite entre
les ailes, j’ai découpé la forme intérieure dans du poirier de 3
mm, j’ai collé sur le pourtour 4 baguettes d’ébène de 1x3 mm,
puis j’ai coupé le tout en deux dans le sens de l’épaisseur. Après ponçage, j’ai obtenu deux ailes
parfaitement identiques.
Pour le cartouche, j’ai tenté de tailler les motifs dans une plaque de
buis, puis j’ai appliqué de la pâte à bois (ébène) pour remplir
les creux. Le résultat est un peu artisanal, mais je ferai mieux la
prochaine fois.
Voici
comment je suis parvenu à rendre le gouvernail fonctionnel. Les fémelots
sont constitués de boucles de laiton, style anneaux de pont, dont je
conserve la partie torsadée. Je perce l’étambot à 8/10 et les y
fixe grâce à une goutte de cyano. Les aiguillots sont en laiton de 1
mm, taillés en pointe, coudés, et, là aussi, fixés au gouvernail préalablement
percé à la cyano. Les ferrures, comme pour l’écoutille de la
chambre, sont en fil de laiton martelé.
Pour les
poignées de la grande écoutille et de l’écoutillon de la fosse aux
liens, j’ai employé du fil de laiton de 3/10. Je ne crois
pas être trop hors-échelle. Les pitons et les anneaux sont confectionnés
en laiton de 4/10. les anneaux sont obtenus par torsion
autour d’un foret, méthode classique, coupés de façon à ne
conserver qu’un simple cercle, ébarbés à la lime. Ils sont pris
dans une boucle fichée dans le bois du pont ou de la muraille.
J’avais quelques doutes quant à leur résistance au moment de frapper
les différents garants et autres estropes, mais j’ai été pleinement
rassuré par la suite des opérations.
La murène de
proue m’a donné quelque peu de fil à retordre (!), mais on prend
goût à ce genre de facétie . Pour les moulures des herpes,
j’ai pratiqué une rainure comblée à la pâte à bois.
Pour obtenir
la courbure des antennes, j’ai préféré le lamellé-collé : 2
planchettes de 3 mm collées en forme. Après séchage, je découpe 4
baguettes de section carrée (6x6) dans lesquelles je façonne le quart
et la penne de chaque antenne. Les
voiles sont taillées dans un pongé de soie de 34 g/m, les coutures des
laizes simulées par un trait de stylo Pilot-700 de 0,7 mm. Une des
seules encres, après de nombreux essais, à ne pas baver.
J’ai commis les cordages grâce à une machine que j’ai bricolée à
partir d’engrenages Lego-Technic qui avaient modérément amusé ma
fille il y a quelques années.
Les pommes de racage sont tirées d’une baguette de bambou de diamètre
1 mm percée à 0,6 mm et découpée en tronçons de 1 mm. J’en ai
cassé, j’en ai perdu, mais j’ai fini par avoir mon compte. Les
bigots sont tirés d’une baguette d’ébène percée, mise en forme
puis découpée.
En ce qui concerne les pavillons, rien de particulier à dire. Ils sont
taillés dans le même pongé de soie que les voiles. Le pavillon de
mestre est pris en sandwich entre deux profils en U tirés d’une
planchette d’ébène. Le pavillon blanc des vaisseaux du Roi est imprégné
de colle vinylique très diluée, ce qui m’a permis de le mettre en
forme facilement. Il est fixé par une longueur de cordage entre la tête
du mât et la guirlande arrière.
Je
suis parvenu à façonner le mât à partir d’une baguette de poirier
prise dans le mandrin de ma Dremel et emprisonnée dans une feuille de
papier de verre. Attention à travailler avec des lunettes et à ne pas
libérer la baguette du papier abrasif avant l’arrêt de la machine.
Il m’est arrivé deux ou trois fois d’envoyer balader le mât
presque terminé à travers la pièce qui me sert d’atelier.
Enfin, la chaloupe. J’ai
commencé par réaliser une coque en tranches dans laquelle j’ai
pratiqué une rainure longitudinale destinée à recevoir la quille et
l’étrave. Je taille une râblure sans laquelle je pense que les bordés
tiendraient beaucoup moins bien. L’étambot, solidaire de la quille
accueillera le tableau arrière, constitué de planchettes de poirier de
3 mm assemblées sur chant. Ce travail préparatoire terminé,
j’attaque le bordage proprement dit. Je commence par emmailloter le
moule de film micro-ondes
bien tendu pour éviter les plis, pas trop, crainte des déchirures. Et
c’est parti pour les virures en poirier de 1x3 mm qui partent de
l’avant et aboutissent sur le pourtour du tableau arrière. Après
quelques heures émaillées de casse parmi les baguettes, de trous dans
le film réparés avec des rustines de même matériau, de pinces qui
glissent, de mouvements d’humeur plus ou moins violents, vient le
moment du démoulage. Un peu d’appréhension, mais tout se passe bien,
la carcasse tient le coup. Nettoyage des bavures de colle, ponçage intérieur
et extérieur, puis, les finitions.
J’ai simulé les couples par des baguettes de 1x1 mm cintrées, le
fond est constitué, comme le tableau arrière de planchettes collées
sur chant. Les lisses de plat-bord sont en ébène et sont doublées à
l’intérieur d’une baguette de poirier de 1x1 mm après quoi je peux
mettre à poste les bancs de nage légèrement cintrés au préalable
pour ne pas risquer de déformer la coque. Les
tolets sont en laiton de 4/10 et leurs supports sont des
rectangles de buis. Le gouvernail est collé à la cyano sur deux
longueurs de laiton de 4/10 elles-mêmes collées sur l’étambot
pour simuler les aiguillots. Les ferrures, comme pour la Diligente,
sont en laiton martelé. Il était peut-être possible de faire un
gouvernail fonctionnel, mais ce sera pour une autre fois.
|